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Qui était Akira Toriyama ?

Dernière mise à jour : 25 avr. 2024


Akira Toriyama dans son atelier
Akira Toriyama dans son atelier

Le 8 mars dernier, nous apprenions dans un communiqué de presse de Bird Studio et Capsule Corporation Tokyo le décès du mangaka Akira Toriyama. Un choc pour beaucoup, le Japonais n’étant âgé que de 68 ans, et ses problèmes de santé n’ayant pas fait l’objet de communiqués précédents. Une annonce qui a attristé les millions de fans du mangaka à travers le monde, comme en témoignent les nombreux hommages et messages de soutien aux proches qui ont fleuri un peu partout sur Internet. Un décès qui a beaucoup fait parler, à tel point que le journal Libération y a consacré sa Une pour le numéro du 9 et 10 mars.

Connu principalement pour Dragon Ball, Akira Toriyama a, tout au long de sa carrière, travaillé sur de nombreuses œuvres et supports, et son statut de légende de la culture japonaise est loin d’être usurpé.


Son Goku, le héros du manga Dragon Ball
Son Goku, le héros du manga Dragon Ball

Né le 5 avril 1955, Akira Toriyama s’intéresse rapidement au dessin. Passionné par les animaux et les véhicules, il s’en inspire pour ses premiers dessins, alors encore enfant. Il racontera par la suite que la découverte du film Les 101 Dalmatiens, produit par Walt Disney, fut un choc quand il était enfant, et que c’est en le regardant qu’il décida qu’il voulait être illustrateur. En primaire, il découvre le monde du manga grâce à la collection d’un grand frère d’un de ses camarades de classe, et commence à s’essayer à ce style en dessinant ses amis. 

Cette passion pour le dessin et le manga, c’est ce qui motive Akira Toriyama tout au long de sa jeunesse : c’est également ce qui le pousse à ne pas faire d’études supérieures pour rentrer dans le monde du travail, malgré l’opposition de ses parents. Embauché comme illustrateur au sein d’une agence de publicité, Toriyama ne s’adapte pas réellement à la vie en entreprise, et démissionne au bout de deux ans. De son propre aveu, il n’était pas matinal, et s’habillait de manière trop décontractée, ce qui lui valait une réputation de marginal auprès de ses collègues.


L'île merveilleuse, la première histoire publiée de Toriyama
L'île merveilleuse, la première histoire publiée de Toriyama

Au chômage et sans argent, Toriyama participe à plusieurs concours de manga, pour lesquels il ne va gagner aucun prix. Il va cependant se faire repérer par Kazuhiko Torishima, qui lui propose un poste d’assistant. Deux ans après, en 1978, sa première histoire est publiée : L’île merveilleuse.

Prépublié dans le magazine Weekly Shōnen Jump, le manga sera par la suite édité en 2 volumes reliés. Le manga présente un univers loufoque, trop étrange pour séduire le public, et est un échec commercial.


Dr. Slump Édition Française, Ultimate Edition, édité par Glénat
Dr. Slump Édition Française, Ultimate Edition, édité par Glénat

Toriyama ne se laisse pas abattre, et sa nouvelle série commence à paraître en 1980. Intitulé Dr. Slump, on y suit les aventures du Docteur Senbei Norimaki, appelé Dr. Slump et d’Aralé, un robot féminin doté d’une super-force. Publiée de 1980 à 1984, toujours dans le Weekly Shōnen Jump, la série va connaître un grand succès, et faire de Akira Toriyama un mangaka reconnu au pays du Soleil Levant. Comptant 18 volumes en éditions reliées, Dr. Slump est une série qui marque un gros tournant dans la carrière de Toriyama : comme le raconte Kazuhiko Torishima, devenu son éditeur, “[Akira Toriyama] a commencé la série à 25 ans alors qu’il vivait encore à la maison avec ses parents, mais lorsque la série s’est terminée en 1984, il était une superstar du manga”. En France, on ne découvrira le manga qu’en 1995, année à laquelle la maison d’édition Glénat publie pour la première fois Dr. Slump en français. En revanche, le nom Dr. Slump est déjà connu puisque l’adaptation en série animée, diffusée au Japon à partir de 1981, a également été diffusée en France à partir de 1988, d’abord sur TF1 dans l’émission Le Club Dorothé, puis par la suite sur La Cinq dans l’émission Youpi ! L’école est finie.


Dragon Boy, le proto-Dragon Ball
Dragon Boy, le proto-Dragon Ball

Malgré le succès et l’engouement autour de Dr. Slump, Toriyama n’était pas satisfait de son travail, et voulut très rapidement arrêter la série. En réalité, à peine 6 mois après le début de Dr. Slump, et malgré de très bons premiers retours, Toriyama souhaite y mettre fin. En accord avec son éditeur, ils se mettent d’accord de n’arrêter Dr. Slump que si Toriyama propose une autre série hebdomadaire, en remplacement. Pour cela, et malgré un rythme de travail très intensif, Toriyama va imaginer des histoires courtes diverses tout au long de la parution de Dr. Slump, afin de réfléchir à un point de départ pour une nouvelle série. 

Pendant plus de 3 ans, en plus d’écrire et dessiner un nouveau chapitre de Dr Slump par semaine, Akira Toriyama va créer des dizaines d’histoires courtes, des one-shots, pour le Weekly Shōnen Jump et le Fresh Jump. Parmi ces histoires, l’une, intitulée Dragon Boy et publiée en 1983, raconte l’histoire d’un jeune garçon adepte d’arts martiaux et d’une princesse.

En partant de cette base, Toriyama imagine et conceptualise son nouveau manga, qu’il débute en 1984, après avoir mis fin à Dr. Slump. Son nom ? Dragon Ball.


Dragon Ball raconte l’histoire de Son Goku, un jeune garçon avec une queue de singe, de son enfance à l’âge adulte. S’étalant sur plus de 30 ans, l’histoire de Dragon Ball est au départ centrée sur la quête de Son Goku pour réunir les 7 Dragon Balls, des boules de cristal magiques qui permettent à celui qui les rassemble de se voir accorder un vœu par Shenron, le dragon légendaire. Dragon Ball est l’exemple parfait du Shōnen : ce terme est utilisé pour désigner les mangas à destination des jeunes enfants, principalement des garçons, qui mettent en scène un héros prenant part à une quête initiatique.


Une planche de Dragon Ball, lors de l'arc Freezer
Une planche de Dragon Ball, lors de l'arc Freezer

Au fil des chapitres et des différentes ellipses temporelles, le récit va se densifier et explorer d’autres fils scénaristiques, en développant l’univers et en complexifiant le lore —l’univers et sa mythologie— de la série. Au cours des 42 tomes qui constituent Dragon Ball, Son Goku va faire la rencontre de dizaines de personnages : certains deviendront les amis de Goku, tandis que d’autres seront des menaces pour lui et ses alliés. Certains vont d’ailleurs être les deux, tels Végéta, le prince des Saiyans, l’un des personnages les plus populaires du manga, qui va d’abord faire office d’adversaire à Son Goku et ses compagnons, avant de finalement se joindre à leur groupe par la suite. Ce procédé narratif de l’adversaire se joignant par la suite au héros, est un ressort scénaristique typique du nekketsu (littéralement “envie brûlante de gagner" un sous-genre du Shonen, qui se caractérise par divers situations et éléments scénaristiques). Un héros orphelin, naïf et innocent, doté de capacités hors-normes qui parcourt le monde accompagné d’amis rencontrés au cours de sa quête, dont font partie certains de ses premiers adversaires, qui va gagner plusieurs fois en puissance alors qu’il est au bord de la mort : Dragon Ball est l’exemple parfait du nekketsu tant il en coche toutes les cases. La série met même en scène (à plusieurs reprises !) un tournoi, un autre élément typique du nekketsu, et même du Shōnen.


Son Goku et son fils Son Gohan
Son Goku et son fils Son Gohan

L'une des nombreuses scènes de Dragon Ball où l'on voit Goku s'entrainer
L'une des nombreuses scènes de Dragon Ball où l'on voit Goku s'entrainer

Avec sa structure narrative simple, Dragon Ball véhicule les valeurs classiques du Shōnen : courage, dépassement de soi, amitié, honnêteté. Un manga inspirant pour quiconque suit les aventures de Goku, et qui a su inciter toute une génération d’enfants à travers le monde à se dépasser, suivre leurs rêves, ou tout simplement à grandir et se confronter au monde réel. Ce n’est pas un hasard si Dragon Ball est souvent cité comme source d’inspirations par les sportifs de haut niveau, tant la dévotion de Goku pour ses entraînements et sa quête perpétuelle de victoire est inspirante. J’en veux pour preuve la façon dont Son Goku est utilisé régulièrement comme modèle dans les clubs de sport et salles de musculation, et dont la façon dont il est montré, s'entraînant sans relâche pour se surpasser, inspire les sportifs de tous niveaux depuis plus de 30 ans.

En créant Son Goku, Akira Toriyama donne naissance à un personnage qui servira de modèle à toute une génération de héros de manga, comme le reconnaissent volontiers des auteurs tels que Eiichiro Oda ou Masashi Kishimoto, respectivement créateurs de One Piece et Naruto, qui ont à plusieurs reprises témoigné de la façon dont Dragon Ball a inspiré leur carrière.


Son Goku et Luffy, le personnnage principal de One Piece, dessinés par Eiichirō Oda
Son Goku et Luffy, le personnnage principal de One Piece, dessinés par Eiichirō Oda

Trunks, le guerrier du futur, dont l'histoire tragique a marqué les lecteurs de Dragon Ball
Trunks, le guerrier du futur, dont l'histoire tragique a marqué les lecteurs de Dragon Ball

Dragon Ball est une œuvre simple dans sa construction, mais loin d’être simpliste, et Akira Toriyama a su faire évoluer le postulat de base de son histoire afin de construire un univers dense et cohérent. En dépit de l’apparence colorée voire enfantine de Dragon Ball, Toriyama n’hésite pas à aborder des thèmes plus sérieux dans son manga, en abordant le sujet de la mort, de l’identité, du génocide ou encore du racisme. Une série à plusieurs niveaux de lecture qui a su, encore plus que Dr. Slump, trouver un public, tant le succès est au rendez-vous avec Dragon Ball. Publiée jusqu’en 1995, puis régulièrement réimprimée, la série cumule à ce jour plus de 300 millions d’exemplaires vendus à travers le monde. En France, le manga est édité par Glénat à partir de 1993, d’abord en demi-volumes parus en kiosque, puis en volumes reliés dans une édition “pastel” devenue culte, imprimée dans le sens de lecture français.


La rencontre entre Son Goku et Bulma, dans Dragon Ball
La rencontre entre Son Goku et Bulma, dans Dragon Ball

Néanmoins, si Dragon Ball est aujourd’hui considéré comme une des œuvres de fiction les plus marquantes du XXème siècle, c’est en partie grâce à l’adaptation animée du manga, dont la diffusion débute au Japon en 1986. 

Composée de 153 épisodes, la première partie de l’adaptation de Dragon Ball en animé, intitulée simplement Dragon Ball, couvre la partie de l’histoire où Son Goku est enfant. Plus léger et enfantin que la suite de l’histoire, cette première série est diffusée en France à partir de 1988, toujours sur le Club Dorothé. Et c’est en majorité grâce à la série animée que Dragon Ball va acquérir, en France et en Occident, sa popularité.

En développant l’histoire du manga en version animée, tout en prenant le temps de créer des histoires inédites —des fillers—, Dragon Ball, dont la diffusion va finir en 1989 au Japon et en 1995 en France, va s’imposer comme l’un des meilleurs Shōnen du marché, et le succès de cette adaptation va finir de faire de la licence l’une des plus importantes de monde du manga. 


Dans Dragon Ball Z, Son Goku est adulte et va devoir faire face à de nouveaux dangers
Dans Dragon Ball Z, Son Goku est adulte et va devoir faire face à de nouveaux dangers

Cependant, comme dit précédemment, la série ne couvre que la moitié du manga, puisqu’elle ne raconte que les événements de l’enfance de Son Goku. C’est tout simplement afin de mieux marquer la distinction entre le début de l’histoire racontée dans le manga Dragon Ball, plus enfantine et légère, et la suite, qui présente un héros adulte, dans laquelle le récit est bien plus orienté autour de l’action et des combats. Pour adapter cette partie, une deuxième série animée, intitulée Dragon Ball Z, débute en 1989, à la suite de la fin de diffusion de Dragon Ball. C’est cette série, composée de 291 épisodes et diffusée au Japon jusqu’en 1996, qui va façonner l’image de la licence au yeux du grand public, tout en permettant à l'œuvre de Toriyama de toucher un public encore plus large qu’auparavant.

En France, la série est diffusée de 1990 à 1996 sur le Club Dorothé. Problème : cette période de diffusion chevauche celle de Dragon Ball… Ce qui fait qu’à l’époque, beaucoup ont connu Dragon Ball Z sans avoir eu l’opportunité de connaître la fin (voire le début) de Dragon Ball. Cela n’a pas empêché la série d’être un véritable raz-de-marée, et de grandement participer à la popularisation des dessins animés japonais. Ce succès va se faire en dépit des premiers scandales, condamnant Dragon Ball Z pour sa soi-disante violence… À elle seule, la série va devenir la définition même de mot “manga” pour le grand public (qui ne fait d’ailleurs pas la différence entre un manga et un anime, l’un étant un livre, l’autre un dessin animé).


Cependant, et c’est important de le préciser, l’implication de Toriyama pour l’adaptation animée de son œuvre est assez minime. Alors qu’il était censé recevoir sur scène un prix pour son travail lors de l’édition 2024 du Festival de l’Anime à Tokyo, il avait écrit pour son discours : “Pour être honnête, je n'ai jamais eu beaucoup d'intérêt pour l'anime, et même lorsque mon travail a été adapté en format animé, je suis embarrassé d'admettre que je n'en ai pas beaucoup regardé, mes excuses au personnel”. Le festival, qui s’est déroulé du 8 au 11 mars 2024, n’a jamais pu accueillir Akira Toriyama, décédé quelques jours plus tôt, mais son discours a été rendu public, et dans cet ultime message du mangaka japonais, on peut constater l’humilité du créateur de Dragon Ball, qui admet volontiers ne pas avoir suivi avec intérêt l’adaptation de ses travaux. 


Son Goku dans Dragon Ball Super, la suite controversée de Dragon Ball Z
Son Goku dans Dragon Ball Super, la suite controversée de Dragon Ball Z

Ironiquement, c’est la série la plus critiquée par les fans, Dragon Ball Super, qui aura été la plus supervisée par Toriyama, puisque cette série, diffusée entre 2015 et 2018 est adaptée du manga éponyme écrit par Toyotarō, toujours sous la supervision de Toriyama. Comme le manga, la série prend place après les événements de Dragon Ball, et développe durant 131 épisodes l’univers de Dragon Ball, en introduisant de nouveaux personnages. Toriyama, pour la version animée comme la version papier, supervise l’histoire générale, tout en validant les designs des personnages. Si son niveau d’implication n’est pas précisément établi, il est établi que son travail est bien plus important que sur les autres séries animées estampillées Dragon Ball.

Avant son décès, il a également participé au projet Dragon Ball Daima, une nouvelle série inédite à l’occasion des 40 ans de la licence, dont la diffusion devrait démarrer à la rentrée 2024.


Dans Dragon Ball Daima, Son Goku redevient enfant
Dans Dragon Ball Daima, Son Goku redevient enfant

Dragon Ball FighterZ permet de se bagarrer seul ou entre ami avec les différents personnages de la licence
Dragon Ball FighterZ permet de se bagarrer seul ou entre ami avec les différents personnages de la licence

En créant Dragon Ball, Akira Toriyama a grandement participé à la démocratisation internationale de ce média, et sa série, qui a inspiré toute une génération de fans, de mangakas et d’artistes en tout genre, a marqué la culture japonaise d’une empreinte indélébile. Aujourd’hui, le nom de Dragon Ball est indissociable de la pop culture japonaise, et la licence continue de vivre à travers des nouvelles itérations, que ce soit Dragon Ball Daima, mentionnée précédemment, la suite de la version manga de Dragon Ball Super, qui continue sa prépublication dans le magazine V Jump, ou encore les adaptations jeux vidéos de la série, qui sont toujours aussi populaire, comme en témoigne le succès du jeu de combat Dragon Ball FighterZ sorti en 2018.


Si le nom d’Akira Toriyama est majoritairement associé à Dragon Ball, à juste raison étant donné l’impact qu’a eu la série, le mangaka a également travaillé sur de nombreux autres projets au cours de sa carrière.

Toujours dans le monde du manga, Toriyama a créé, en parallèle de ses principales séries, de nombreuses histoires courtes, regroupées en France dans diverses anthologies.


Édition française de Sand Land
Édition française de Sand Land

Parmi ses histoires plus longues, il a également écrit en 2000 Sand Land, qui a la particularité d’avoir été entièrement dessinée par lui-même, sans l’aide d’assistant, contrairement à Dragon Ball par exemple. Publié en France en 2002 en un volume unique, le manga raconte l’histoire de Beelzebub, le prince des démons, son ami Thief et le shérif Lao partis en quête d’une fontaine légendaire qui pourrait subvenir aux besoins des habitants du monde qui s’est subitement asséché. En 2023, un film adapté du manga sort, et en 2024, une version longue du film, sous la forme d’une série, est diffusée sur Disney +. En parallèle, une adaptation en jeux vidéo est annoncée pour avril 2024. Sand Land est un très bon exemple du style Toriyama, et une excellente porte d’entrée pour découvrir son travail, puisqu’on y retrouve tout ce qui fait le style et le charme de ses mangas. C’est d’ailleurs le moment parfait pour découvrir le manga, puisqu’en plus de la série animée sortie tout récemment, la maison d’édition Glénat, qui publie en France l'œuvre de Toriyama, a annoncé une nouvelle édition revue et corrigée du manga.


C-21, personnage exclusif au jeu Dragon Ball FighterZ dessiné par Toriyama
C-21, personnage exclusif au jeu Dragon Ball FighterZ dessiné par Toriyama

Si l’on connaît Toriyama pour sa carrière de mangaka, il est important de rappeler qu’il a aussi beaucoup travaillé dans le domaine du jeu vidéo, en tant que character designer. Tout d’abord pour les adaptations de Dragon Ball en jeu, n’hésitant pas à créer des personnages inédits, comme par exemple Shallot pour Dragon Ball Legends ou l’androïde C-21 pour Dragon Ball FighterZ. Une participation et une implication dans les adaptations vidéoludiques de son œuvre qui s’explique par l’attrait qu’il portait au médium lorsqu’il était plus jeune, lui qui raconte avoir joué à la Famicom par le passé, mais avoir arrêté ce passe-temps par manque de temps.


Akira Toriyama jouant à Dragon Quest sur Famicom avec son fils
Akira Toriyama jouant à Dragon Quest sur Famicom avec son fils

La participation la plus significative de Toriyama dans le monde du jeu vidéo reste néanmoins son rôle de character designer pour la licence Dragon Quest.


Artwork officiel de Dragon Quest VI, par Akira Toriyama
Artwork officiel de Dragon Quest VI, par Akira Toriyama

Créée en 1986, la série de jeux Dragon Quest est une série de jeux de rôle japonaise, mettant en scène des héros au sein d’un univers heroic-fantasy coloré, parsemé de dragons, de démons et de légendes. Très classique dans sa construction, la série est extrêmement populaire au Japon, et a grandement influencé le jeu vidéo japonais et le jeu de rôle de manière générale. Aux commandes de la série, trois hommes : Yūji Horii, qui supervise la création des jeux et occupe le poste de directeur, puis de producteur par la suite,  Kōichi Sugiyama, qui composait les principales musiques de la série jusqu’à son décès en 2021, et Akira Toriyama, qui dessine les personnages et monstres de l’univers. Ainsi, l’univers visuel de Dragon Quest est imprégné de la patte Toriyama, et son implication est un réel argument de vente, surtout en Occident où la série est moins populaire que Dragon Ball.

Arwork officiel de Dragon Quest III, par Akira Toriyama
Arwork officiel de Dragon Quest III, par Akira Toriyama

Constituée de 11 épisodes canoniques, et de dizaines de spin-offs, Dragon Quest est l’une des licences tous médias confondus les plus populaires au Japon. Si le succès de la série en Occident est par exemple moins important que son rival de toujours Final Fantasy, au pays du soleil levant, Dragon Quest est un véritable raz-de-marée culturel. Le succès de la série est tel que le 10 février 1988, à l’occasion de la sortie du 3ème épisode, le pays enregistra un record d’absentéisme scolaire et professionnel. Un record qui incita Enix (puis par la suite Square Enix) à ne plus jamais sortir un épisode de la série un jour de semaine, ou alors pendant les vacances.

Artwork officiel de Dragon Quest IX, par Akira Toriyama
Artwork officiel de Dragon Quest IX, par Akira Toriyama

Maître du manga avec Dragon Ball, Akira Toriyama s’impose également comme une figure majeure du monde du jeu vidéo, et son travail sur Dragon Quest est l’un des facteurs qui explique le succès de la série, chaque personnage et monstre bénéficiant d’une attention toute particulière pour donner vie à des univers riches et colorés, marquant le joueur dans chacun des épisodes.

Boite japonaise de Chrono Trigger, illustrée par Akira Toriyama
Boite japonaise de Chrono Trigger, illustrée par Akira Toriyama

Il participe également au jeu Chrono Trigger, sorti en 1995 sur Super NES, aux côtés encore une fois de Yūji Horii, papa de Dragon Quest, mais également de Hironobu Sakaguchi, papa de Final Fantasy… Et oui, Chrono Trigger représente à l’époque le jeu rêvé pour tout fans de jeu de rôle, puisque les créateurs des deux séries rivales s’associent pour créer un jeu unique, racontant l’histoire d’un groupe de héros voyageant à travers les époques pour contrer la fin du monde en l’an 2000. Immense succès, considéré par beaucoup comme l’un des meilleurs jeu de rôle de tous les temps, et reconnu comme l’un des chef d'œuvres de la Super NES, Chrono Trigger est aujourd’hui entré au panthéon des jeux vidéos qui ont marqué leur époque. Unique, ambitieux et révolutionnaire, les joueurs européens ne découvriront cependant le jeu qu’en 2009, dans une version DS parfaitement adaptée à la console portable de Nintendo. Une suite indirecte verra le jour en 1999, mais elle ne sera pas développée par la Dream Team Horii, Sakaguchi, Toriyama.


Artwork officiel de Chrono Trigger, par Akira Toriyama
Artwork officiel de Chrono Trigger, par Akira Toriyama

Ce n’est cependant pas la dernière fois que Akira Toriyama travaillera avec Sakaguchi, puisqu’en 2006 il est responsable du chara design du jeu Blue Dragon. Développé par le studio Mistwalker, fondé par Sakaguchi après son départ de Square, Blue Dragon est un jeu de rôle classique mais efficace, et les visuels signés Toriyama font plaisir à découvrir tout au long de l’aventure. Souvent rapproché de Dragon Quest à cause de leur similarités visuelles, le jeu n’a cependant aucun rapport avec cette licence.


Même mort, Son Goku continue d'inspirer ses proches sur Terre
Même mort, Son Goku continue d'inspirer ses proches sur Terre

Plus que le monde du manga, c’est la pop culture de manière générale qu’a inspirée Akira Toriyama à travers son travail. Du monde du dessin à celui du cinéma, des artistes d’horizons variés admettent volontiers avoir été inspirés par la carrière du maître japonais. Au-delà des domaines artistiques, c’est une génération entière d’enfants qui a grandi avec Dragon Ball et le reste des œuvres de Toriyama, et son influence immense se fait encore ressentir auprès des jeunes générations d’aujourd’hui. Pour la façon dont Dragon Ball a ouvert la voie à des dizaines d’autres œuvres japonaises en Occident, la façon dont la série a été importante pour des milliers de personnes, la façon dont son style unique a contribué à donner vie à des univers uniques, Akira Toriyama est assurément l’un des artistes les plus importants du siècle dernier, et son décès représente une perte immense pour le milieu artistique international.


Dragon Quest Monster Joker, sorti en 2008 en France
Dragon Quest Monster Joker, sorti en 2008 en France

Pour ma part, j’ai découvert le travail de Toriyama sur Nintendo DS, vers mes 7 ou 8 ans. Contrairement à beaucoup, je n’ai pas connu Dragon Ball pendant mon enfance. En revanche, j’ai été baigné tôt dans la licence Dragon Quest. J’ai eu la chance de découvrir la série grâce à l’épisode Dragon Quest Monster Joker, un jeu de capture de monstres, souvent comparé à Pokémon. Très rapidement, je me suis pris au jeu de la collecte de monstres, et j’ai ainsi passé de longues heures à découvrir de nouveaux monstres, tous imaginés par Akira Toriyama, dont j’ignorais bien évidemment le nom à l’époque. En tant que character designer, Toriyama a dessiné les 210 monstres du jeu, en plus des nombreux personnages que l’on peut rencontrer au cours de l’aventure. Cette première découverte de Toriyama est pour moi avant tout une découverte de la licence Dragon Quest, et j’ai par la suite joué aux différents jeux de la série. Aujourd’hui, je me considère comme un fan de cette série, et le travail de Toriyama a grandement participé à me faire aimer ces jeux.


Piccolo et Son Gohan
Piccolo et Son Gohan

Sans avoir lu les mangas, ni regardé les séries, je connaissais depuis longtemps Dragon Ball, et les quelques images que j’avais pu voir m'avaient toujours rappelé Dragon Quest. Logique, puisque l’homme est à l’origine de l’univers visuel de ces deux licences. C’est au lycée que j’ai lu le manga pour la première fois, et cela n’a fait que confirmer mon affection pour le style Toriyama. Depuis, j’ai parcouru la plupart des œuvres du maître japonais, et si son travail sur Dragon Quest reste celui qui me plait le plus, notamment grâce au design de certains monstres que je trouve particulièrement réussi, je reste volontiers admiratif de Dragon Ball pour la façon dont Toriyama renouvelle sans cesse son univers, tout en créant des personnages marquants tout au long du manga. Comme beaucoup, j’ai adoré Trunks, le guerrier du futur, lors de ma lecture de Dragon Ball


Jaquette de Dragon Quest Monster : The Dark Prince
Jaquette de Dragon Quest Monster : The Dark Prince

Pour moi, Toriyama restera toujours associé aux jeux Dragon Quest, sur lesquels j’ai passé énormément d’heures plus jeune, et chaque sortie d’un nouvel opus est l’occasion pour moi de me plonger dans un univers qui me renvoie systématiquement à mon enfance. Le dernier jeu en date de la série, Dragon Quest Monster : The Dark Prince, permet de collectionner des monstres issus de l'entièreté de la série, et les quelques 80h que j’ai passées sur le titre ont été pour moi une véritable madeleine de Proust. Avec 523 monstres capturables, le jeu peut être vu comme un dernier témoignage de l’implication de Toriyama au sein de la licence Dragon Quest, et si je reste impatient de découvrir le prochain opus, Dragon Quest XII, je suis également un peu triste de savoir qu’il s’agit du dernier titre sur lequel aura travaillé le papa de Dragon Ball.


Son Goku pratiquant la technique ultime du Genkidama
Son Goku pratiquant la technique ultime du Genkidama

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